Plusieurs investisseurs dans les métaux précieux aimeraient bien savoir vers où ira le prix de l’argent en 2014. Après la grosse correction des prix de l’or et de l’argent en 2013, les investisseurs veulent savoir si l’argent a finalement atteint son prix plancher et s’apprête à remonter cette année.
Si les investisseurs espèrent des prix de l’argent bien plus hauts en 2014, les prédictions des banques et maisons de courtage ne feront rien pour les éclairer ou les rassurer.
Voici leurs prédictions pour l’argent:
Comme on peut le voir, Barclays a fait la prédiction la plus basse, à $19.50, alors que la majorité prédit des prix entre $20 et $21. Bank of America est la seule du groupe à faire une prédiction haussière à $26.38 pour 2014.
J’ai effectivement vu certaines de ces prédictions dans quelques blogs sur les métaux précieux. Il me semble que les investisseurs sont si frustrés par le bas prix de l’argent qu’ils en viennent à croire ces prédictions des analystes des médias de masse.
Il y a une très bonne raison d’ignorer ce que disent les analystes de ces banques et maisons de courtage. Si l’on jette un coup d’oeil sur ce que ces analystes avaient prédit pour l’argent en 2013′ vous verrez ce que je veux dire :
La majorité de ces prédictions ont été faites en décembre 2012. À ce moment là, l’argent s’échangeait entre $32 et $33 l’once. L’analyste de CitiGroup fut le seul à prédire un prix plus bas pour 2013, tandis que Commerzbank et Thomson Reuters GFMS avaient prédit des prix plus élevés, près de $40.
Selon Kitco, le prix moyen de l’argent en 2013 a été de $23.79. Alors, toutes ces banques ont largement raté leurs prédictions. Ce qui est surprenant est la prédiction de Thomson Reuters GFMS’ il s’agit de la compagnie qui produit les World Silver Surveys.
Ces World Silver Surveys nous donnent des informations détaillées sur l’offre et la demande du marché global de l’argent. On pourrait donc penser que Thomson Reuters GFMS serait la maison la mieux qualifiée pour savoir où va le prix de l’argent.
Après que Thomson Reuters GFMS eut manqué ses prédictions de $17 au-dessus du prix moyen de $23.79, elle est devenue beaucoup plus conservatrice dans ses prédictions pour 2014 ($20.42).
J’ai cessé de m’attarder sur la plupart des prédictions sur l’argent il y a plusieurs années’ surtout celles des banques et maisons de courtage. La raison pour laquelle je ne crois pas à ces prédictions sans valeur ou à l’analyse technique est due au fait que nous n’avons pas de marchés libres.
Rob Kirby a discuté de ce sujet avec Greg Hunter, chez USAWatchdog.com, dans une entrevue, Colossal Fraud : There Are No Free Markets. Kirby y explique que le marché des swaps de taux d’intérêt est le plus gros de tout le système financier :
« Il y a une fraude colossale et des contrôles de prix. Il n’y a pas de marchés libres. Nous avons vu, au cours des six derniers mois, une montée des swaps de taux d’intérêt à hauteur de $12,000 milliards’ Ce que cela parvient à faire, c’est d’empêcher la montée des taux d’intérêt. »
Kirby cite des chiffres du OCC, l’Office of Comptroller of the Currency. Je suis allé sur leur site et j’ai téléchargé le rapport sur les produits dérivés du troisième trimestre 2013. Voici un tableau montrant les contrats de produits dérivés des banques par type :
Nous pouvons y voir que le nombre total de contrats de swaps de taux d’intérêt a augmenté dans les principales banques américaines de $184,900 milliards, au premier trimestre 2013, à $195,400 milliards au troisième trimestre. En faisant le calcul, j’y vois une augmentation de $10,600 milliards. Peut-être Kirby inclut-il des informations additionnelles qui m’échappent pour arriver à ce chiffre de $12,000 milliards mais, quoi qu’il en soit, il s’agit d’un grosse augmentation en deux trimestres.
De plus, vous remarquerez que la valeur notionelle totale du marché des swaps de taux d’intérêt aux États-Unis a baissé de manière significative à partir de la fin 2010 ($193,400 milliards au 4ème trimestre) au 4ème trimestre de 2012 ($178,900 milliards).
Cependant, quand la Fed a augmenté son QE3 à $85 milliards mensuellement au début de 2013, la tendance s’est inversée : le total du marché des swaps de taux d’intérêt a augmenté de $16,500 milliards, de $178,900 milliards qu’il était au 4ème trimestre 2012 à $195,400 milliards au 3ème trimestre 2013.
Kirby croit que, même avec ce supposé $1,000 milliards du QE3 en 2013, les banques se devaient d’augmenter leur programme de swaps de taux d’intérêt pour empêcher les bons du Trésor US de grimper. Rob Kirby et Jim Willie croient tous les deux que ce marché géant de swaps de taux d’intérêt constitue le mécanisme qui garde en vie ce CHÂTEAU DE CARTES’ et je suis d’accord avec eux.
À quel point ce marché de swaps de taux d’intérêt a-t-il grandi lors des 12 dernières années ? Voici le tableau entier des contrats de produits dérivés des banques ci-dessous :
Il est peut-être difficile à lire, mais vous pouvez y voir que le marché des swaps de taux d’intérêt a gonflé de $38,500 milliards au 4ème trimestre 2001 à $195,400 milliards au 3ème trimestre 2013.
Le marché des swaps de taux d’intérêt était supposément configuré pour protéger l’emprunteur contre des coûts plus élevés en cas de hausse de taux. Malheureusement, la politique de la Fed de maintenir les taux d’intérêt artificiellement bas a mis beaucoup de pression sur ces entités qui couchent dans le même lit que les banques, avec ces swaps de taux d’intérêt.
Selon l’article How Interest Rate Swaps Are Crushing America’s Cities :
« La semaine dernière, j’ai conduit à travers le Lincoln Tunnel. Le prix pour voyager ces deux kilomètres de New Jersey à Manhattan était d’un incroyable $13′ plus de 50% plus élevé que la dernière fois où j’y suis passé.
Quand je suis monté dans le métro, quelques heures plus tard, un aller simple me coûta $2.50, soit 60% de plus que lorsque j’y habitais en 2008. Et mon eau, à l’hôtel? Fermée le matin, parce que les gens en charge du réseau avaient des difficultés pour satisfaire les demandes de réparation à cause d’un manque de personnel.
Ces augmentations ne sont pas le résultat d’une expansion du système de transport en commun ou d’une augmentation des salaires des syndiqués (des mythes communs).
L’explosion des coûts et les coupes budgétaires à New York et en d’autres villes américaines ces dernières années sont le résultat d’un type méconnu de contrat financier, les swaps de taux d’intérêt.
Voyez-vous, les villes américaines et leurs agences se sont retrouvées du mauvais côté de mauvais paris avec les grandes banques. Maintenant, ces agences municipales se battent pour recouvrir leurs pertes.
Alors, comme les taux d’intérêt ont continué de décliner, ces petites villes, villages et municipalités ont dû faire de gros paiements aux grandes banques. »
L’article explique comment un swap de taux d’intérêt fonctionne :
« Pour comprendre ce qui a mal tourné, il faut savoir comment fonctionnent les swaps de taux d’intérêt.
Dans le cas du MTA, la New York Metropolitan Transportation Authority, l’agence paie à la banque (par exemple, JP Morgan) un taux fixe sur un bon sous la forme d’intérêt. Le taux est fixé au préalable et il est typiquement un peu plus haut que le taux courant du marché au moment du contrat, en tant que moyen de « s’assurer » du meilleur taux. Dans ce cas, ce taux pourrait être de 4,5%.
Cependant, par l’accord de swap de taux d’intérêt, la banque retourne un paiement d’intérêt sur un taux variable (qui flotte selon les marchés de dette mondiaux). Si le taux courant du marché est au-dessus de 4,5%, la MTA fait de l’argent. S’il est plus bas que 4,5%, elle perdra de l’argent sur le contrat. Dans la plupart des cas, ce contrat est vendu sur la prémisse que les deux entités n’y perdront pas, avec le temps.
Malheureusement, Wall Street s’organise pour être du bon côté tout le temps, sans surprise. Après la crise financière, les bas taux d’intérêt ont fait que les banques paient encore le taux fixe, qui est plus élevé, mais les bas taux variables, grâce aux politiques de la Fed, font que les banques paient moins aux emprunteurs municipaux de ces accords de swap. Donc, si le taux variable est de 1,75% pendant que le taux fixe est de 4,5%, les emprunteurs doivent, tant bien que mal, couvrir la différence.
Et c’est là que les contribuables (les usagers des services de l’agence) entrent en scène. Les tarifs qu’ils paient augmentent pour payer cette différence. »
Parce que les taux d’intérêt sont gardés bas artificiellement par l’intervention de la Fed, la plupart de ces villes et municipalités paient les banques très cher. Cependant, la vraie menace ne vient pas de ces banques qui font de l’argent avec les bas taux d’intérêt, mais du désastre qui adviendra quand les taux augmenteront substantiellement.
À mesure que les taux grimperont, les banques devront alors à commencer à payer ces villes et municipalités, au lieu de l’inverse. Alors, plus haut grimpent les taux d’intérêt, plus grandes seront les pertes des grandes banques.
Ce marché massif de swaps de taux d’intérêt a détruit la capacité du système financier à fonctionner correctement. Les grandes banques américaines détiennent le plus de produits dérivés de ces swaps de taux d’intérêt, à hauteur de $195,000 milliards.
La banque qui détient la plus grande quantité de produits dérivés aux États-Unis est JP Morgan. JP Morgan détenait, au 3ème trimestre de 2013, $730,000 milliards de produits dérivés, incluant $83,000 milliards en produits dérivés d’or et de métaux précieux’ soit 81% du total des quatre plus grandes banques, $103,400 milliards.
L’analyste du marché de l’argent, Ted Butler, croit que JP Morgan a joué un grand rôle dans le contrôle du marché des métaux précieux.
Un extrait de son récent article, 2013 ‘ The Year of JP Morgan :
« Du tout début de l’année jusqu’aux derniers deux jours de 2013, JP Morgan a dominé et contrôlé le prix de l’argent et de l’or.
La chute des prix, jusqu’à la fin juin, a eu comme résultat que JP Morgan a engrangé plus de $3 milliards avec ses positions short abusives sur l’or et l’argent sur le COMEX. Alors, de conclure que JP Morgan n’avait rien à voir avec la chute des prix est comme conclure que $3 milliards de profits sur des transactions de futures sur les commodités est une chose normale et régulière.
Comme ce fut le cas en 2013 et chaque année depuis 2008, l’année prochaine pour l’or et l’argent sera déterminée par JP Morgan. Mais, si on considère que JP Morgan a amassé des positions longues sur l’or du COMEX pour la première fois de l’histoire, il est difficile de voir comment 2014 ne sera pas l’exact opposé de 2013. Ajoutez-y leur position short sur l’argent grandement réduite et les quantités massives d’or et d’argent acquises par la banque’ le début de 2014 ne pourrait être plus différent que le début de l’an dernier. »
Je suis d’accord avec Ted Butler. Non seulement JP Morgan est en position longue sur l’or, mais elle a drastiquement réduit ses positions short sur l’argent. De plus, la Fed et ses banques membres (JP Morgue’n et Goldman Sacked) ne sont quand même pas assez stupides pour faire descendre le prix de l’or et de l’argent sous les coûts de production pour une période prolongée.
Selon mon analyse, le prix minimum pour garder la tête hors de l’eau pour les douze principales minières de l’argent, au 3ème trimestre 2013, était de $21.39. Je n’ai pas encore fait d’anlyse sur les minières d’or, mais je crois que leur minimum est aux alentours de $1,150- $1,200.
Comme je l’ai souvent dit, je ne crois pas à l’analyse technique dans un marché trafiqué. Je suis d’ailleurs surpris que tant de professionnels suivent encore ces chiffres insensés.
Et, pour finir, je ne suis pas du tout certain où se dirigera le prix de l’argent en 2014. Il y a tout simplement trop de variables. Nous pourrions assister à une explosion des prix si la RUMEUR d’un réalignement des devises se produit. Nous pourrions voir une hausse prononcée au premier trimestre, suivie d’un retranchement et puis d’une reprise de la montée vers la fin de l’année.
Quels que soient les mouvements de prix, je doute fort que nous voyions des prix plus bas.
Cela dit, je n’investis pas dans l’argent en vue de gains à court terme. Je crois qu’il faut investir sur le long terme. L’or et l’argent s’avéreront les meilleurs investissements pour l’avenir’ mais cela demandera beaucoup de patience pour réaliser des gains.
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